Les Animaux malades de la peste
Fable de Jean de La Fontaine
| Les Animaux malades de la peste | |
|---|---|
| Livre | Livre VII des Fables de la Fontaine (1ère fable du livre VII) |
| Parution | 1678 |
| Auteur | Jean de La Fontaine |
| Thèmes | L'injustice sociale, la flatterie et naïveté |
| Genre | Fable morale |
Texte original de la fable "Les Animaux malades de la peste"
Découvrez la fable les Animaux malades de la peste dans sa version originale, sans annotations, pour une lecture authentique. Vous pourrez ainsi apprécier le texte tel qu'il a été écrit par Jean de La Fontaine.
Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
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Texte annoté "Les Animaux malades de la peste"
Cette version de la fable "Les Animaux malades de la peste" vous permet de suivre le texte avec des annotations visibles en parallèle. À gauche, vous trouverez le texte original, tandis qu'à droite, les commentaires et explications vous apporteront des précisions sur le sens des vers et les symboles utilisés par Jean de La Fontaine.
Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron [1],
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie [2] ;
Nul mets [3] n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie [4].
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux [5],
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents [6]
On fait de pareils dévouements [7] :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense [8] :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique [9] empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins [10],
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines [11] passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue [12].
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet [13].
Un Loup quelque peu clerc [14] prouva par sa harangue [15]
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille [16] fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier [17] son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
[1] Dans la mythologie grecque, l'Achéron est un fleuve des Enfers.
[2] Rechercher à se nourrir.
[3] Nourriture.
[4] Partant signifie 'par conséquent'. Cela signifie qu'il n'y avait plus de joie en raison de l'absence d'amour.
[5] Colère violente, fureur.
[6] Dans de telles situations, de tels événements imprévus.
[7] Sacrifices, actions où l'on s'offre pour le bien commun.
[8] Aucune faute, aucun mal.
[9] Imaginaire.
[10] Chiens de garde (troupeau ou basse-cour).
[11] Un champ appartenant à un monastère.
[12] Tondre, dans ce contexte, signifie 'manger de l'herbe'. La largeur de la langue se réfère à la quantité d'herbe mangée, cela pourrait être traduit par une bouchée.
[13] Crier haro signifie manifester son indignation, dénoncer ou accuser. Le baudet est un âne.
[14] Personne de justice ou gens d'Église.
[15] Discours solennel prononcé devant un auditoire.
[16] Faute sans gravité, erreur bénigne.
[17] Subir un châtiment.
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Version "Les Animaux malades de la peste" avec numérotations des vers
Cette version de l'histoire les Animaux malades de la peste avec les vers numérotés est idéale pour ceux qui veulent étudier la structure de la fable ou qui souhaitent pouvoir se référer facilement à des vers spécifiques. La numérotation des vers permet de mieux se repérer dans le texte et facilite les analyses littéraires.
- Un mal qui répand la terreur,
- Mal que le Ciel en sa fureur
- Inventa pour punir les crimes de la terre,
- La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
- Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
- Faisait aux animaux la guerre.
- Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
- On n'en voyait point d'occupés
- A chercher le soutien d'une mourante vie ;
- Nul mets n'excitait leur envie ;
- Ni Loups ni Renards n'épiaient
- La douce et l'innocente proie.
- Les Tourterelles se fuyaient :
- Plus d'amour, partant plus de joie.
- Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
- Je crois que le Ciel a permis
- Pour nos péchés cette infortune ;
- Que le plus coupable de nous
- Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
- Peut-être il obtiendra la guérison commune.
- L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
- On fait de pareils dévouements :
- Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
- L'état de notre conscience.
- Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
- J'ai dévoré force moutons.
- Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
- Même il m'est arrivé quelquefois de manger
- Le Berger.
- Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
- Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
- Car on doit souhaiter selon toute justice
- Que le plus coupable périsse.
- - Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
- Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
- Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
- Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
- En les croquant beaucoup d'honneur.
- Et quant au Berger l'on peut dire
- Qu'il était digne de tous maux,
- Etant de ces gens-là qui sur les animaux
- Se font un chimérique empire.
- Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
- On n'osa trop approfondir
- Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
- Les moins pardonnables offenses.
- Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
- Au dire de chacun, étaient de petits saints.
- L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
- Qu'en un pré de Moines passant,
- La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
- Quelque diable aussi me poussant,
- Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
- Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
- A ces mots on cria haro sur le baudet.
- Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
- Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
- Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
- Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
- Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
- Rien que la mort n'était capable
- D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
- Selon que vous serez puissant ou misérable,
- Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
Les Animaux malades de la peste - Version avec numérotation des vers à télécharger en Pdf
Résumé et morale de la fable "Les Animaux malades de la peste"
Résumé de la fable
Dans "Les Animaux malades de la peste", Jean de La Fontaine raconte l'histoire d'animaux frappés par la peste. Croyant être punis pour leur péchés, ils décident de sacrifier l'un d'entre eux, celui qui aura commis la plus grosse faute, pour obtenir la guérison commune.
Le Lion, en tant que roi, propose que chacun avoue ses fautes en commençant par lui-même. Le Renard et l'assemblée excuse son comportement craignant sa position supérieure. Tour à tour, les autres tentent de minimiser leurs fautes.
L'Âne, avouant à son tour une faute minime, est pris pour bouc émissaire et sacrifié. On découvre alors la morale de l'histoire à la fin de la fable "Les Animaux malades de la peste" : "Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir."
Morale de la fable
Dans la fable "Les Animaux malades de la peste" on découvre la morale aux deux derniers vers : "Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir." .
La morale de la fable "Les Animaux malades de la peste" de Jean de La Fontaine porte sur l'injustice des jugements et la manière dont les puissants échappent souvent à la réprobation, tandis que les plus faibles sont punis sans discernement.
La morale de la fable "Les Animaux malades de la peste" peut se résumer ainsi : "selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir." Cette maxime critique l'injustice des systèmes de pouvoir, où les plus faibles sont souvent injustement accusés et punis, tandis que les puissants échappent à leurs fautes.
La fable invite à réfléchir sur l'iniquité des jugements et sur la manière dont le pouvoir influe sur les décisions, souvent au détriment des plus vulnérables.
Questions et réponses sur "Les Animaux malades de la peste"
Combien de vers y a-t-il dans la fable "Les Animaux malades de la peste" ?
Dans la fable "Les Animaux malades de la peste" il y a 63 vers.
Pourquoi les animaux tiennent-ils conseil dans la fable "Les Animaux malades de la peste" ?
Dans la fable "Les Animaux malades de la peste" les animaux tiennent conseil pour désigner un coupable parmi eux afin de le sacrifier en pensant ainsi mettre fin à la peste qui ravage leur communauté.
Quelle autre fable de La Fontaine traite de l'injustice sociale ?
Tout comme "Les Animaux malades de la peste", la fable "Le Loup et l'Agneau" traite de l'injustice sociale.
Quel rôle joue le Renard dans la fable "Les Animaux malades de la peste" ?
Le Renard joue le rôle de flatteur en excusant les fautes du Lion dans "Les Animaux malades de la peste", il cherche à éviter d'être désigné coupable.
Quel animal est sacrifié à la fin de la fable "Les Animaux malades de la peste" ?
C'est l'Âne qui est sacrifié à la fin de la fable "Les Animaux malades de la peste" car il est jugé coupable d'avoir mangé de l'herbe sans droit, alors que les autres animaux, puissants, échappent à la condamnation.
Que critique la fable "Les Animaux malades de la peste" ?
La fable "Les Animaux malades de la peste" critique l'injustice des jugements et la manière dont les puissants échappent souvent à la responsabilité, tandis que les plus faibles sont facilement accusés et sacrifiés.
Pourquoi l'Âne est-il sacrifié dans "Les Animaux malades de la peste" ?
Dans "Les Animaux malades de la peste" l'Âne est sacrifié car c'est lui qui est désigné coupable. Les autres animaux jugent que sa faute, avoir brouté quelques brins d'herbe dans un champs appartenant au Monastère, est la raison pour laquelle la peste s'abat sur leur communauté.
Que symbolisent les animaux dans la fable "Les Animaux malades de la peste" ?
Les animaux dans la fable "Les Animaux malades de la peste" symbolisent les différentes classes sociales et leurs comportements face à la justice, notamment les puissants qui échappent à la justice, tandis que les plus faibles sont sacrifiés.
Que peut-on dire sur l'Âne dans la fable "Les Animaux malades de la peste" ?
Dans la fable "Les Animaux malades de la peste" l'Âne est un personnage qui incarne la naïveté et la victime d'un système injuste, prêt à se sacrifier par innocence et crédulité. De plus, il ne manifeste aucune résistance face aux manipulations des autres animaux. Ce comportement en fait un symbole de soumission aveugle à l'autorité.
Qui sont les personnages principaux dans la fable "Les Animaux malades de la peste" et que représentent-ils ?
Dans la fable "Les Animaux malades de la peste" les personnages principaux sont le Lion qui représente le pouvoir et l'hypocrisie des autorités, le Renard qui symbolise l'opportunisme, la flatterie et la manipulation, et l'Âne qui incarne la naïveté, la soumission et la victime des injustices.
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