Le Héron
Fable de Jean de La Fontaine
| Le Héron | |
|---|---|
| Livre | Livre VII des Fables de la Fontaine
(4ème fable du livre VII - 1ère partie) |
| Parution | 1678 |
| Auteur | Jean de La Fontaine |
| Thèmes | La fierté, l'insatisfaction et l'avidité |
| Genre | Fable morale |
| Fable liée | La Fille |
Texte original de la fable "Le Héron"
Découvrez la fable le Héron dans sa version originale, sans annotations, pour une lecture authentique. Vous pourrez ainsi apprécier le texte tel qu'il a été écrit par Jean de La Fontaine.
Un jour, sur ses longs pieds, allait je ne sais où,
Le Héron au long bec emmanché d'un long cou.
Il côtoyait une rivière.
L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours ;
Ma commère la Carpe y faisait mille tours
Avec le Brochet son compère.
Le Héron en eût fait aisément son profit :
Tous approchaient du bord, l'oiseau n'avait qu'à prendre ;
Mais il crut mieux faire d'attendre
Qu'il eût un peu plus d'appétit.
Il vivait de régime, et mangeait à ses heures.
Après quelques moments l'appétit vint : l'oiseau
S'approchant du bord vit sur l'eau
Des Tanches qui sortaient du fond de ces demeures.
Le mets ne lui plut pas ; il s'attendait à mieux
Et montrait un goût dédaigneux
Comme le rat du bon Horace.
Moi des Tanches ? dit-il, moi Héron que je fasse
Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ?
La Tanche rebutée il trouva du goujon.
Du goujon ! c'est bien là le dîner d'un Héron !
J'ouvrirais pour si peu le bec ! aux Dieux ne plaise !
Il l'ouvrit pour bien moins : tout alla de façon
Qu'il ne vit plus aucun poisson.
La faim le prit, il fut tout heureux et tout aise
De rencontrer un limaçon.
Ne soyons pas si difficiles :
Les plus accommodants ce sont les plus habiles :
On hasarde de perdre en voulant trop gagner.
Gardez-vous de rien dédaigner ;
Surtout quand vous avez à peu près votre compte.
Bien des gens y sont pris ; ce n'est pas aux Hérons
Que je parle ; écoutez, humains, un autre conte ;
Vous verrez que chez vous j'ai puisé ces leçons.
Fable Le Héron à télécharger en Pdf
Texte annoté "Le Héron"
Cette version de la fable "Le Héron" vous permet de suivre le texte avec des annotations visibles en parallèle. À gauche, vous trouverez le texte original, tandis qu'à droite, les commentaires et explications vous apporteront des précisions sur le sens des vers et les symboles utilisés par Jean de La Fontaine.
Un jour, sur ses longs pieds, allait je ne sais où,
Le Héron au long bec emmanché d'un long cou.
Il côtoyait une rivière.
L'onde [1] était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours ;
Ma commère la Carpe [2] y faisait mille tours
Avec le Brochet son compère [3].
Le Héron en eût fait aisément son profit [4] :
Tous approchaient du bord, l'oiseau n'avait qu'à prendre ;
Mais il crut mieux faire d'attendre
Qu'il eût un peu plus d'appétit.
Il vivait de régime [5], et mangeait à ses heures.
Après quelques moments l'appétit vint : l'oiseau
S'approchant du bord vit sur l'eau
Des Tanches [6] qui sortaient du fond de ces demeures.
Le mets [7] ne lui plut pas ; il s'attendait à mieux
Et montrait un goût dédaigneux [8]
Comme le rat du bon Horace [9].
Moi des Tanches ? dit-il, moi Héron que je fasse
Une si pauvre chère [10] ? Et pour qui me prend-on ?
La Tanche rebutée [11] il trouva du goujon [12].
Du goujon ! c'est bien là le dîner d'un Héron !
J'ouvrirais pour si peu le bec ! aux Dieux ne plaise !
Il l'ouvrit pour bien moins : tout alla de façon
Qu'il ne vit plus aucun poisson.
La faim le prit, il fut tout heureux et tout aise
De rencontrer un limaçon [13].
Ne soyons pas si difficiles [14]
Les plus accommodants ce sont les plus habiles [15]
On hasarde de perdre en voulant trop gagner [16]
Gardez-vous de rien dédaigner [17] ;
Surtout quand vous avez à peu près votre compte
Bien des gens y sont pris ; ce n'est pas aux Hérons
Que je parle ; écoutez, humains, un autre conte ;
Vous verrez que chez vous j'ai puisé ces leçons.
[1] La surface de l'eau en mouvement.
[2] [3] La carpe et le brochet sont des poissons d'eau douce. Les termes compère et commère soulignent l'interaction entre les deux animaux.
[4] Aurait facilement pu profiter de la situation en attrapant les poissons.
[5] Raisonnablement.
[6] Poissons d'eau douce.
[7] Repas.
[8] Méprisant.
[9] Référence à Horace et à sa fable Le Rat de ville qui évoque le fait d'être trop difficile.
[10] Créature de peu de valeur, un mets modeste.
[11] Mise au rebut, refusée.
[12] Petit poisson d'eau douce.
[13] Escargot.
[14] Invitation à ne pas être trop exigeant et à accepter ce qui est offert.
[15] Ceux qui savent s'adapter et accepter ce qui est offert sont souvent plus futés dans la vie.
[16] Avertissement contre l'envie démesurée, à trop vouloir gagner, on risque de tout perdre.
[17] Ne méprisez pas ce qui vous est offert, ne rejetez aucune opportunité.
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Version "Le Héron" avec numérotations des vers
Cette version de l'histoire le Héron avec les vers numérotés est idéale pour ceux qui veulent étudier la structure de la fable ou qui souhaitent pouvoir se référer facilement à des vers spécifiques. La numérotation des vers permet de mieux se repérer dans le texte et facilite les analyses littéraires.
- Un jour, sur ses longs pieds, allait je ne sais où,
- Le Héron au long bec emmanché d'un long cou.
- Il côtoyait une rivière.
- L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours ;
- Ma commère la Carpe y faisait mille tours
- Avec le Brochet son compère.
- Le Héron en eût fait aisément son profit :
- Tous approchaient du bord, l'oiseau n'avait qu'à prendre ;
- Mais il crut mieux faire d'attendre
- Qu'il eût un peu plus d'appétit.
- Il vivait de régime, et mangeait à ses heures.
- Après quelques moments l'appétit vint : l'oiseau
- S'approchant du bord vit sur l'eau
- Des Tanches qui sortaient du fond de ces demeures.
- Le mets ne lui plut pas ; il s'attendait à mieux
- Et montrait un goût dédaigneux
- Comme le rat du bon Horace.
- Moi des Tanches ? dit-il, moi Héron que je fasse
- Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ?
- La Tanche rebutée il trouva du goujon.
- Du goujon ! c'est bien là le dîner d'un Héron !
- J'ouvrirais pour si peu le bec ! aux Dieux ne plaise !
- Il l'ouvrit pour bien moins : tout alla de façon
- Qu'il ne vit plus aucun poisson.
- La faim le prit, il fut tout heureux et tout aise
- De rencontrer un limaçon.
- Ne soyons pas si difficiles :
- Les plus accommodants ce sont les plus habiles :
- On hasarde de perdre en voulant trop gagner.
- Gardez-vous de rien dédaigner ;
- Surtout quand vous avez à peu près votre compte.
- Bien des gens y sont pris ; ce n'est pas aux Hérons
- Que je parle ; écoutez, humains, un autre conte ;
- Vous verrez que chez vous j'ai puisé ces leçons.
Le Héron - Version avec numérotation des vers à télécharger en Pdf
Résumé et morale de la fable "Le Héron"
Résumé de la fable
Dans la fable Le Héron de Jean de La Fontaine, le Héron, en quête de nourriture, aperçoit une carpe et un brochet qui ferait un repas délicieux, mais jugeant ne pas avoir assez faim, refuse de les manger alors qu'ils sont à sa portée. Il se voit alors proposé des tanches et du Goujon mais fait la fine bouche en estimant que ce menu n'est pas à son goût et pas assez raffiné. Finalement, lorsqu'il devient affamé, il devra se contenter d'un limaçon.
La fable "Le Héron" critique l'orgueil et l'exigence dans les comportements humains.
Morale de la fable
La morale de la fable Le Héron est qu'il ne faut pas être trop exigeant ou difficile dans la vie.
En cherchant à obtenir quelque chose de mieux que ce qui est offert, on risque de perdre ce que l'on avait déjà. Il est préférable de ne pas dédaigner ce qui est à portée de main.
La fable "Le Héron" enseigne aussi que ceux qui sont plus adaptables sont souvent plus futés et réussissent mieux dans la vie.
Questions et réponses sur "Le Héron"
Pourquoi le Héron hésite-t-il à manger la Carpe et le Brochet qui s'approchent du bord de l'eau ?
Dans la fable « Le Héron », le Héron hésite à manger les poissons qui s'approchent au début de la fable, la Carpe et le Brochet car le Héron a peu faim.
Dans la fable "Le Héron" que pense le Héron des Tanches qu'il aperçoit dans l'eau ?
Quand il trouve des Tanches, le Héron les rejette en estimant qu'il mérite mieux, il considère les Tanches comme un mets trop simple, le Héron est exigeant et attend un menu plus raffiné.
Dans la fable "Le Héron", comment qualifier le caractère du Héron ?
Le Héron est exigeant et prétentieux. Il se montre très sélectif dans ses choix alimentaires, rejetant des poissons sans intérêt comme les Tanches et le Goujon qu'il juge indignes de lui, préférant attendre un repas plus raffiné.
A part dans "Le Héron", dans quelle autre fable La Fontaine utilise-t-il les mots "compère et commère" ?
Hormis dans la fable "Le Héron" La Fontaine utilise également les mots "compère et commère" dans Le Renard et la Cigogne : "Compère le Renard ... retint à dîner commère la Cigogne".
Dans la fable « Le Héron » que fait le Héron après avoir rejeté le goujon ?
Après avoir rejeté le goujon, le Héron se retrouve sans poisson et finit par être affamé.
Dans la fable « Le Héron » que trouve finalement le Héron lorsqu'il est affamé ?
Le Héron affamé trouve un limaçon, un mets modeste mais qu'il accepte, car il n'a plus rien d'autre à manger.
Quelle leçon la fable « Le Héron » veut-elle nous enseigner ?
La fable « Le Héron » enseigne que l'excès d'exigence peut conduire à la perte définitive d'opportunités, et que la vanité peut mener à des choix regrettables. La fable « Le Héron » enseigne également les dangers de l'attente de la perfection ou du meilleur.
Pourquoi la fable « Le Héron » nous met-elle en garde contre la vanité ?
La fable « Le Héron » nous met en garde contre la vanité car elle peut provoquer des situations compliquées en montrant que parfois, vouloir toujours mieux peut nous faire perdre ce que nous avons.
Que représente le "limaçon" dans la fable « Le Héron » ?
Le "limaçon" représente le choix par dépit, celui que l'on fait lorsque les meilleures options ne sont plus possibles.
A quelle autre fable « Le Héron » est-elle associée ?
La fable « Le Héron » est associée à La Fille. La Fable « La Fille » de Jean de La Fontaine traite également de la vanité mais dans le contexte du choix d'un mari.
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